
En m’intéressant à la culture de mon pays, j’ai pu constater que la notion d’identité nationale n’est pas aussi évidente qu’il n’y parait. Je suis forcé d’utiliser le terme « Gabonais » afin de me faire comprendre, mais j’ai tendance à croire qu’il peut s’agir d’un abus de langage hérité de l’esclavage puis de la colonisation. « Gabon » est un terme que nos ancêtres n’employaient pas d’eux mêmes, c’est un terme exogène, un terme « importé ». On peut évidemment associer ce mot à une réalité concrète : je suis Gabonais car je suis né au Gabon ou parce que l’un de mes parents est Gabonais, de la même manière que l’on est « Français », « Camerounais », voire « Parisien », « Batéké » ou « Breton ». Notons d’ailleurs qu’il y a une différence entre « être » Parisien et « se sentir » Parisien, selon que l’on puisse vivre un certain temps à Paris, ou simplement être un fan du Paris-Saint-Germain.
Ainsi n’oublions pas que les attributs « communs » qui nous permettent de nous identifier à tel ou tel groupe, ne sont pas nécessairement communs à tous ceux qui se reconnaissent comme membres de ce groupe. Il n’y a qu’à voir la crise « identitaire » que connaissent les français d’origine étrangère. Sans compter la question du métissage.
Qui est réellement le « Gabonais », si ce n’est celui-là que l’on a injustement fixé dans les limites d’un territoire dont il dépassait certainement les limites et se fondait à ses voisins dits « Congolais » ou « Camerounais », eux-mêmes enfermés dans les limites d’une identité dessinée de façon purement arbitraire par des personnes qui un jour, ont décidé de se partager l’Afrique? Comprenez-moi, car la nuance est subtile : j’emploie le terme gabonais car je suis forcé de donner à mon envie de valoriser cette culture des implications concrètes, c’est pourquoi j’agis dans les limites de la territorialité gabonaise telle qu’elle est entendue aujourd’hui. Je ne dis pas qu’il faut cesser d’être « Gabonais », cela n’aurait aucun sens. J’ai conscience que de façon concrète, être « Gabonais » signifie s’identifier à un patrimoine naturel et culturel spécifique, et que les personnes les plus à même d’avoir un réel impact sur la valorisation de ce patrimoine sont ceux qui se reconnaissent comme des produits de ce patrimoine. Mais je souhaite par dessus tout que celui qui se reconnaît gabonais, français ou autre, ne s’enferme pas dans des limites d’une identité subjective et en constance évolution.
Qu’il puise dans ses racines tout ce qui lui permettra de s’outiller pour le développement de son esprit, de sa famille, de son village, de sa ville, de son pays, puis qu’il se fonde dans le monde, dans l’universel.