Complexité, transversalité et énergie

Nous vivons dans un monde si normé, notamment par le paradigme capitaliste et cartésien, qu’il devient difficile d’opérer les transformations nécessaires à un meilleur équilibre écologique, à une meilleure harmonie globale.

Nos sociétés contemporaines ont atteint un niveau de complexité et de spécialisation tel que les différents champs ont du mal à communiquer entre eux, chacun étant enfermé dans son carcan. L’économie se pense en vase clos, sans lien sincère avec l’écologie, de même que la science tend à se construire en opposition avec la religion. Certaines disciplines et composantes de la vie sont tenues à part du prisme économique : l’éducation, l’art, et la spiritualité, qui ont pourtant une influence substantielle sur notre psyché et in fine sur les actes que l’on pose au quotidien, sont ainsi considérées comme des dimensions à part entière, alors même qu’elles fondent les croyances et les sensibilités à partir desquelles nous appréhendons l’existence et transformons le réel, jour après jour. Même l’économie et la science, qui s’arrogent le primat de « l’objectivité », ne sont pas moins fondées que d’autres disciplines sur des croyances (non assumées) qui leurs sont sous-jacentes. C’est ainsi que l’on peut avoir le sentiment de se retrouver dans un monde dirigé à outrance par le dictat de la raison pure et de l’économisme, un monde dans lequel la qualité de vie, faute d’échapper à tout indicateur rationnel, n’est plus envisagée comme un critère fondamental à partir duquel apprécier le réel.

Pour être à nouveau en communion avec la nature, il nous faudrait dès lors être capable d’appréhender le réel comme une expérience sensible, et non plus uniquement comme une expérience mentale : il nous faut accepter d’engager notre sensibilité physique, émotionnelle ainsi que notre intuition, en un mot notre expérience, comme autant de façon légitimes d’assimiler la vie. Faute de pouvoir récupérer notre sensibilité et d’accepter de l’employer à côté de notre rationalité, nous continuerons à faire le constat d’un développement hors sol, affranchi de tout rapport concret à la nature : c’est ainsi que nous finissons par détruire cette nature, tant ce que nous pensons et désirons est en inadéquation avec ce que nous vivons et constatons. C’est là donc des domaines de l’existence qu’il faut pouvoir réconcilier.

Recouvrer une approche holistique, c’est-à-dire une approche qui ne tient aucun champ séparé du reste mais au contraire parvient à les appréhender de façon commune et globale, nécessite de « transgresser » l’ordre établi, transgresser au sens étymologique du terme, lequel est inspiré du mot latin « transgredi », qui signifie « traverser ; franchir ». Il nous faut « franchir » les cloisons illusoires posées par une raison qui ne peut s’empêcher de tout compartimenter, de tout systématiser, de tout ordonner et malheureusement de tout séparer. Il s’agit d’opérer un acte de transgression dont on peut espérer qu’il nous réconcilie avec une vie plus unifiée, plus harmonieuse, plus fluide. Car la transgression autorise la vie à s’écouler à nouveau de part et d’autre des espaces qui jusqu’à lors étaient séparés par des frontières arbitrairement érigées, des frontières bien souvent mentales. Transgresser, c’est permettre aux courants irrigants nos croyances, nos imaginaires, nos valeurs et notre spiritualité, de communiquer avec ceux de notre expérience sensible, quotidienne, de notre vécu, de notre intuition, de notre histoire personnelle et collective. Transgresser, c’est traverser les champs de l’économie, de la science, de la politique, de l’art et de la spiritualité pour ne citer que ceux-là, en cessant de les tenir à distance les uns des autres ; distance qui par ailleurs n’est qu’une vue de l’esprit dans la mesure où en pratique, le réel est espace au sein duquel ces différents aspects de la vie sont en permanence fondus sinon confondus entre eux, que l’on en ait conscience ou pas.

Comment dès lors appréhender la vie comme un champ unifié dans lequel toutes les composantes qui la constituent sont intimement reliées entre elles ? En effet, dans notre vécu quotidien, nous sommes autant des êtres de coeur que de raison, autant des êtres de corps que d’esprit. Envisager d’appréhender la vie sous l’angle énergétique, ainsi que le suggère la physique quantique, nous permet justement d’accéder à cette appréhension unifiée de la vie. La complexité mentale est alors appréhendée en termes d’énergie, de ressenti, sous l’angle du sensible, du vécu intérieur et permanent : il n’est plus tant question de résonner (du moins pas exclusivement), mais également de « sentir » en choisissant consciemment d’engager notre subjectivité dans nos choix. Bien entendu, il ne s’agira pas in fine de fonder nos actions collectives sur la base d’une seule subjectivité, mais sur une harmonisation perpétuelle de toutes les subjectivités. Le sentiment « d’harmonie » devient alors le critère essentiel à partir duquel sont en même temps appréciés le bien être individuel et le vivre ensemble, l’harmonie découlant de notre capacité à faire résonner entre eux nos différents vécus, nos différentes sensibilités.

Copyright texte – 2020 © David Mboussou

Image : « jaune-rouge-bleu », Kandinsky

http://www.davidmboussou.com

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