Afrotopia est un long-métrage de fiction gabonais, produit, co-écrit et réalisé par David Mboussou, né d’une volonté de réappropriation narrative, culturelle et symbolique, dans un contexte où le cinéma d’Afrique centrale demeure très peu structuré, peu distribué et rarement visible à l’international.

Fond et intention du film

Afrotopia raconte le parcours d’Ézékiel, un jeune vidéaste gabonais confronté à un conflit intérieur et familial lorsque son père, exploitant forestier, projette de détruire une forêt sacrée où vivent des communautés traditionnelles. À travers cette trajectoire intime, le film aborde des thèmes plus larges :
la relation entre l’homme et la nature, la mémoire coloniale, la stigmatisation des cultures africaines dites traditionnelles, la question de la souveraineté culturelle, et la nécessité de penser des modèles de développement plus écologiques, holistiques et enracinés dans les territoires.

La forêt du Bassin du Congo, aujourd’hui considérée comme le premier puits de carbone mondial, est traitée comme un véritable personnage du film. Afrotopia ne se limite pas à un discours environnemental : il met en lumière les savoirs endogènes, notamment autour de l’iboga, plante sacrée utilisée dans un cadre rituel et communautaire, et interroge la décontextualisation de ces savoirs dans les débats contemporains sur la santé, l’écologie et la marchandisation du vivant.

Contexte et philosophie de production

Le film a été produit de manière indépendante, dans un pays où il n’existe aujourd’hui qu’une seule salle de cinéma en activité sur l’ensemble du territoire national. La production d’Afrotopia s’inscrit dans une philosophie artisanale et engagée : faire avec peu, mais avec exigence, en s’appuyant sur des équipes locales et sur la participation de communautés traditionnelles, notamment celles de Ndossi Village et Mikumu Village, partenaires de l’ONG Gabon Terre Avenir.

Cette démarche assume une double responsabilité : artistique et politique, celle de contribuer au récit national et sous-régional, tout en inscrivant le film dans des débats contemporains globaux.

Vie du film et premières circulations

Depuis sa finalisation, Afrotopia a commencé à vivre à travers plusieurs contextes de diffusion complémentaires :

• Avant-premières nationales au Gabon
  Trois projections officielles ont eu lieu les 27 et 29 novembre 2025 à l’Institut Français du Gabon, réunissant environ 1167 spectateurs et affichant complet. L’accueil du public gabonais a mis en évidence une forte attente pour des œuvres locales capables de raconter des réalités nationales avec rigueur, profondeur et dignité.
• Projection au Ghana – International Black Theater Summit (IBTS)
  Le film a été présenté en avril dans le cadre de l’International Black Theater Summit, initiative du CRAFT Institute, devant un public composé de professionnels du cinéma, du théâtre et des arts afro-descendants. Cette projection a confirmé la capacité du film à résonner auprès de publics diasporiques et à nourrir un dialogue transatlantique autour des cultures africaines, de la mémoire et de la création contemporaine.
• Séjour et projections à Boulder, Colorado (États-Unis)
  Afrotopia a ensuite été projeté dans un contexte académique et culturel à l’Université du Colorado Boulder, puis lors d’une projection publique au Dairy Arts Center. Ces événements ont permis de positionner le film comme un support de réflexion sur les luttes territoriales, les cultures indigènes, la décolonisation des imaginaires et la question des plantes sacrées, notamment l’iboga, dans un État très engagé sur les débats liés à la dépénalisation de l’ibogaïne.
  Ce séjour a également favorisé la mise en relation avec des chercheurs, des professionnels de la santé, des écologistes et des acteurs engagés dans les débats sur la protection des écosystèmes et des savoirs associés.
• Sélection au Pridelands Wildlife Film Festival
  Le film a par ailleurs été sélectionné au Pridelands Wildlife Film Festival, confirmant sa pertinence dans des espaces dédiés aux enjeux environnementaux et à la protection du vivant.

Approche de promotion et de distribution

À ce stade, Afrotopia ne bénéficie pas encore d’un distributeur. La stratégie adoptée est volontairement organique et progressive : faire vivre le film à travers des projections ciblées, des invitations institutionnelles, académiques et culturelles, et créer des alliances avec des publics déjà sensibles aux thématiques abordées.

L’objectif n’est pas uniquement la diffusion, mais la construction d’un écosystème autour du film, capable de :

• légitimer des narratifs africains et du Sud global,
• créer des synergies entre acteurs culturels, scientifiques et institutionnels,
• inscrire le cinéma comme un levier de réflexion, de dialogue et de transformation sociale.

Des projections sont envisagées ou en discussion, notamment au Musée des Civilisations Noires de Dakar, à l’UNESCO à Paris, ainsi que dans d’autres espaces culturels et universitaires.

Vision d’ensemble

Afrotopia est conçu comme un film en mouvement. Il participe à la mise en évidence de réseaux d’acteurs, de thématiques et de solidarités autour de questions communes : environnement, souveraineté culturelle, justice épistémique, santé holistique, et réconciliation entre l’humain et le vivant.

Sans se poser en opposition binaire Nord-Sud, le projet défend l’idée que les savoirs ancestraux, africains comme autochtones ailleurs dans le monde, constituent des ressources universelles, capables d’enrichir les réflexions contemporaines sur le futur de nos sociétés.

Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=rs0PcWQz5jQ&feature=youtu.be